Peace for the Soul

A common space for harmonic peacemakers

Statufié de son vivant, le bluesman décédé à 89 ans est le dernier monstre sacré d’une musique aussi simple que remplie d’âme. Des musiciens d’ici décryptent son héritage.

«Blues Boy»
Le jeune King en 1948, à Memphis, Tennessee. Image: CORBIS

«Cette musique est presque du passé maintenant. Il ne reste pas beaucoup de guitaristes qui jouent avec la pureté dont faisait preuve B.B.» Sur sa page Facebook, Eric Clapton, très ému, rend ainsi hommage au géant qui lui a donné l’inspiration décisive lorsqu’il n’était pas encore «God». Riley B. King, l’orphelin des champs de coton du grand Sud américain, devenu légende vivante de la musique noire, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Las Vegas, des suites d’un diabète qui l’avait considérablement affaibli.

Qu’a donc fait ce résident presque permanent du Montreux Jazz Festival, où il a sa statue depuis 2002, qu’a accompli l’infatigable showman aux 300 concerts annuels pour construire cette légende? Guitariste et fondateur de l’ETM, l’Ecole des musiques actuelles de Genève, Gabor Kristof résume bien le phénomène: «Son jeu était très simple, il tournait autour d’une quinzaine de plans qu’il répétait à l’envi. Mais c’est lui qui les a inventés… C’est ça, le génie: avoir créé un son, une suite de notes ou d’accords qui sont liés à son nom.»

«Un classique»

Son collègue Julien Feltin, guitariste et directeur de l’EJMA à Lausanne, renchérit: «B.B. King est devenu un classique. Je l’ai fait travailler à mes élèves parce que ses plans, ses solos font partie du langage de base de la musique improvisée. Il n’y a pas de chichis, pas de virtuosité démonstrative. Mais ce qui déconcerte, c’est la difficulté à bien les jouer. Le vibrato, le glissando, le phrasé, il y a une âme, une spiritualité dans ces quelques notes.»

Une guitare emblématique, la Gibson 335 sans ouïes baptisée «Lucille», le son réglé sur les micros aigus, le cordon planté directement dans un amplificateur à lampes, B.B. King incarnait un son unique. «En prenant de l’expérience, les musiciens reviennent à cette forme de pureté», constate Julien Feltin.

«Une star sans artifices»

Harmoniciste né à Chancy il y a quarante ans, établi aujourd’hui à New York, Grégoire Maret a partagé la scène et les studios des plus grands du jazz – Herbie Hancock, Pat Metheny, Marcus Miller ou Cassandra Wilson… «Je n’ai jamais eu la chance de jouer avec B.B. King, raconte-t-il. Mais j’ai grandi dans un milieu passionné par sa musique et plus largement par le blues. Plus tard, j’ai constaté combien ce bagage avait influencé mon univers musical. Ce que je trouvais extraordinaire chez lui, c’était son lyrisme, qui a marqué deux générations de musiciens et imprégné l’esthétique de groupes comme les Rolling Stones. J’ai toujours été fasciné par la puissance et la sincérité qui se dégageaient de sa guitare. A mes yeux, c’est une star sans artifices. J’ai pu le constater il y a longtemps, au Paléo, où il y jouait le même soir qu’Albert King. Ce fut un événement majeur: ce concert a complètement changé ma façon d’appréhender la musique et a marqué en profondeur ma vie d’artiste.»

Gabor Kristof rappelle que «B.B. King ne lisait pas la musique… c’était cocasse de voir des DVD de ses cours où un autre musicien essayait de traduire en termes théoriques ce que King était incapable d’expliquer! Il était le représentant de cette tradition orale qu’est le blues. C’est un bel exemple pour montrer qu’on n’a pas besoin de jouer mille notes pour avoir du succès. Dans un autre genre, Dylan a bâti sa carrière sur dix accords qu’on apprend en six mois. Là n’est pas l’essentiel!»

«Un showman»

«B.B. King ne jouait pas pour les autres, il faisait ce qu’il était, estime Julien Feltin. Comme tout grand bluesman, c’était aussi un formidable chanteur, un showman au charisme incroyable.» Ce mélange a fait la marque de fabrique de la star, ajoute Gabor Kristof. «Durant les vingt dernières années de sa vie, il a mis en scène ce gros bonhomme assis sur une chaise, distillant ses notes, cette façon d’interpeller le public.»

Prédécesseur de Julien Feltin à l’EJMA, et successeur de Gabor Kristof à l’ETM, le saxophoniste Stefano Saccon estime qu’il est important pour les écoles de musique de «faire le lien avec l’histoire, et d’expliquer aux élèves qui sont ces personnalités qui ont défini la musique actuelle». Gabor Kristof abonde: «Cela fait partie de la culture générale. Les douze mesures du blues sont un patrimoine universel, tout comme la gamme pentatonique, sur laquelle B.B. King a construit ses solos et qui est le pain quotidien de tous les guitaristes. Mais je constate que dans la musique que les kids écoutent aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de B.B. King. En ce sens, Clapton a sans doute raison…»

Et qui, après B.B. King, peut-il se targuer d’être identifiable en une note ou d’avoir «inventé» un son? Julien Feltin ose quelques noms: «Eric Clapton, Carlos Santana, Angus Young, Keith Richards, Mark Knopfler aussi… Des guitaristes – je ne devrais pas le dire comme ça! – qui sont nés avant les écoles de musique.»

(Créé: 15.05.2015, 22h09)

De Thierry Meyer avec Rocco Zacheo

BB King - When it all comes down - Live Montreux Jazz Festival (1993)

B.B. King a donné 23 concerts au Montreux Jazz

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